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La poussée du PS au Sénat complique la tâche du gouvernement
PARIS (Reuters) - La poussée de la gauche française, qui a gagné dimanche 26 sièges au Sénat, va rendre plus ardue la tâche du gouvernement pour faire adopter ses projets de loi ou une éventuelle révision de la Constitution.L'UMP de Nicolas Sarkozy, qui ne disposait déjà plus de la majorité absolue au Sénat, a perdu une dizaine de sièges, passant de 160 à 150 membres sur un total de 343. Ses alliés centristes ou radicaux enregistrent également quelques pertes.Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, le reconnaît, même s'il juge qu'il "n'y a pas péril en la demeure"."Cette nouvelle situation va conduire la majorité à travailler d'une autre manière au Sénat", a-t-il expliqué à Reuters. "C'est-à-dire plus de liens avec l'ensemble des groupes de la majorité présidentielle", ajoute-t-il."Cela va nous compliquer considérablement la tâche", a confié à Reuters un membre d'un cabinet ministériel sous le couvert de l'anonymat. "Il va falloir resserrer les rangs avec les centristes, les radicaux de droite et de gauche et les divers droite", a-t-il ajouté. "Il faudra en permanence qu'au Sénat nous surveillions tous les scrutins".Si le gouvernement dispose d'un groupe UMP détenant à lui seul la majorité absolue à l'Assemblée nationale et du soutien quasi automatique du groupe du Nouveau centre, le passage d'un texte devant la haute assemblée devient un exercice périlleux.
LES ALLIÉS PÈSERONT PLUS LOURD
Le gouvernement va non seulement devoir tenir davantage compte de ses alliés, il va devoir également ménager une opposition renforcée, principalement les socialistes, s'il ne veut pas voir ses textes bloqués au palais du Luxembourg.De ce fait, le Sénat va voir ses pouvoirs augmenter.
Le groupe centriste, qui est partagé entre majorité présidentielle et amis de François Bayrou, et le groupe des radicaux et divers gauche vont désormais jouer un rôle charnière dont le gouvernement et l'UMP devront tenir compte.
Pire encore, toute nouvelle modification de la Constitution va devenir un véritable casse-tête pour l'exécutif. Avec une progression de 26 sièges, la gauche va détenir une véritable arme de blocage de toute réforme constitutionnelle.Pour qu'une révision de la Constitution soit entérinée par le Parlement réuni en Congrès, il lui faut en effet recueillir une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés.
Or, la dernière réforme, le 21 juillet dernier, a été adoptée de justesse avec une voix de majorité, par 539 voix alors qu'il lui en fallait 538 pour être votée. Avec la nouvelle configuration du Sénat, la réforme aurait été nettement rejetée.Le député socialiste du Bruno Le Roux s'est quant à lui félicité d'une "grosse victoire, plus grande que celle espérée".Mais celle-ci n'efface pas, selon lui, la "nécessité d'une profonde réforme du mode de scrutin sénatorial qui ne représente plus aujourd'hui les collectivités locales dans la réalité de ce qu'elles sont", a-t-il dit lors d'un point de presse du PS."Il y a un mode de scrutin injuste et même antidémocratique dans le sens où il ne permet pas l'alternance tout en ne permettant pas la juste représentation des collectivités locales", a-t-il ajouté en demandant que le Sénat devienne "une assemblée élue par un scrutin réellement démocratique".
En attendant, la droite conserve la majorité dans la haute assemblée. Le prochain président du Sénat, qui sera élu le 1er octobre, sera donc automatiquement UMP. Le groupe majoritaire doit désigner mercredi son candidat.Trois candidats UMP devraient être en lice : l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l'ancien ministre Gérard Larcher et le rapporteur de la commission des Finances Philippe Marini.Une de ces trois personnalités présidera le Sénat pour les trois années à venir. Avant peut-être un séisme lors du prochain renouvellement en 2011. Les résultats de dimanche rendent désormais possible un basculement à gauche de la haute assemblée dans trois ans.
Emile Picy et Clément Dossin, édité par Yves Clarisse
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