samedi 22 novembre 2008

HISTORIQUE... D'UNE JOURNEE LONGUE

Le camp Aubry revendique la victoire, les partisans de Royal parlent de fraude et la direction du parti refuse de proclamer un vainqueur et attend les derniers résultats. Récit d'une soirée de confusion.

Le fil de la soirée minute par minute

C'est le pire de tous les scénarios pour le PS : à l'issue d'une soirée de confusion, où chacun a revendiqué la victoire, la direction a annoncé à 2h30 du matin qu'il n'y aurait pas de vainqueur proclamé cette nuit entre Ségolène Royal et Martine Aubry, les deux candidates à la succession de François Hollande à la tête du parti.

Il faudra attendre les derniers résultats, en provenance des DOM-TOM, pour départager les deux candidates. L'écart, qui s'est réduit au fil des heures, ne serait que de quelques centaines, voire quelques dizaines de voix.

Royal donnée en tête en début de soirée


La soirée s'est déroulée dans la confusion la plus totale. Sur le papier, la maire de Lille partait favorite : Ses 34,5% du premier tour, plus les 22,6% de Benoît Hamon, qui avait appelé à voter pour elle, lui donnaient une avance certaine. Mais la dynamique était clairement en faveur de Royal, passée de 29% lors du vote des motions à 42,9% des voix jeudi soir, ce malgré l'appel de Bertrand Delanoë en faveur d'Aubry.

Dès 23 heures, plusieurs échos successifs font état d'une victoire en vue pour Ségolène Royal. François Rebsamen, l'un de ses lieutenants, parle même d'un score de 53/47 en faveur de sa championne. Les partisans de la présidente de Poitou-Charentes, réunis à Paris, exultent.

Mais le clan Aubry contre-attaque. C'est le fabusien Claude Bartolone qui s'y colle: «Je conteste les souhaits de Rebsamen qu'il croit réalité. Pour l'instant, on a 78 fédés dépouillées, mais elles sont quand même majoritairement royalistes. Selon nos projections, on serait toujours devant, à 50,25% contre 49,75%. Il faudra attendre jusqu'au bout de la nuit».

Le camp Aubry crie victoire, le camp Royal hurle à la fraude

Vers minuit, les résultats des plus grosses fédérations tombent et la tendance s'inverse. Selon son camp, Martine Aubry obtiendrait un score d'environ 50,5 et gagnerait sur le fil. Il manque les résultats du Nord, mais on sait le département acquis à la maire de Lille. Un peu avant une heure, Claude Bartolone est catégorique: "a la minute où je parle, Martine Aubry est en tête, elle ne peut plus être battue". Elle obtiendrait, selon ses chiffres, '50,28%, sur la base de résultats complets, hors département du Nord' (acquis à Aubry) et Guadeloupe.

Le camp Royal conteste. Furieux, Manuel Valls lance : "nous ne nous laisserons pas voler cette victoire. Nous contestons les résultats de la manière la plus ferme". Son argument : Royal a progressé partout en France, sauf dans le Nord et la Seine-Maritime, où elle reste à 20%, son score du premier tour". Gilles Paringeaux, patron de la puissante fédération PS du Nord, se dit "très étonné" et parle de "réaction de mauvais perdant".

La tension monte. Des sources à la direction du PS parlent d'un écart de 1.000 voix. Puis de quelques centaines, voire dizaines. Les candidates semblent au coude-à-coude. Au point que les quelques poignées de bulletins des DOM-TOM pourraient faire la différence. Et les accusations de tricherie en provenance du camp Royal se multiplient. Quelques militants déçus viennent protester rue de Solférino, devant le siège du PS.

A 2h30, Daniel Vaillant vient faire un communiqué officiel : il n'y aura pas de résultat ce soir, il faudra attendre les résultats des DOM-TOM. Quant aux deux camps sont priés de ne pas faire de déclarations "intempestive".

Dernier acte de ce vaudeville : A 3h20, une dépêche AFP annonce que Royal ne compte "pas se laisser faire" et dénonce les méthodes "totalement insupportables" de "l'appareil du parti", qui a annoncé des résultats avant que tous les votes soient comptés, ce qui, à ses yeux, les "discrédite totalement".

Des rumeurs font état de négociations entre les deux camps. Royal aurait proposé à Aubry une cogestion, un partage des postes, avec Vincent Peillon comme premier secrétaire adjoint de la maire de Lille. Les deux candidates se seraient même appelées pour discuter d'une entente "responsable", selon l'entourage de Martine Aubry.

Un parti coupé en deux

Le PS vit un cauchemar. Après une défaite à la présidentielle, puis une campagne interne à couteaux tirés, après un congrès de Reims où le parti s'est coupé en quatre motions arrivées au coude-à-coude sans parvenir à la moindre syntèse, le vote au suffrage universel des militants débouche sur une impasse.

Au centre de ce tourbillon, Ségolène Royal. L'ex-candidate à la présidentielle a gagné sa légitimité. Face à une coalition des éléphants contre elle, elle a réuni la moitié des voix socialistes, ou presque. Mais ce faisant, elle a coupé le parti en deux. Quelle que soit la candidate qui finira par être déclarée première secrétaire, elle devra composer avec cette faille, cette fracture entre partisans de Royal, mais aussi d'une modernisation social-démocrate, et tenants d'un PS traditionnel et plus ancré à gauche.

L'hypothèse de la coalition entre les deux équipes serait un moyen pour les socialistes de sortir de cette guerre de tranchées, mais les deux camps parviendront-ils à s'entendre ?

Source : Le Figaro.fr

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